Alors que la peinture florentine persévère à offrir un rendu lisse, le style vénitien s'en démarque par un travail original de la couleur et de la matière. A la fin du quatrocento, Venise possède un genre pictural personnel caractérisé par une tonalité et une utilisation particulière de la nuance et du contraste coloré. Située au carrefour des cultures italienne, flamande et bizantine, la Sérenissime s'approprie les tendances et grâce au talents de ses artistes, des Bellini à Titien, explore des voies nouvelles en terme de composition et d'éclairage. La symétrie autours d'une figure centrale est brisée pour une construction plus décalée mais tout aussi harmonieuse.
Dans la seconde moitiée du XVIeme siècle, l'école de Venise cède aux tentations du maniérisme avec Tintoret et Véronèse.
Giovanni Bellini rend possible la présence d'une lumière diffuse accompagnée de couleurs fortements contrastées. Giorgione de son côté, met en place un clair-obscur qui provoque un éclairage très lumineux dans des paysages mystérieux et secrets. A l'image du reste de l'Italie, la peinture vénitienne amalgame les motifs réels et imaginaires au sein d'une représentation à la beauté idéalisée.
Avec Titien c'est la victoire de la couleur sur le dessin. C'est elle qui constitue le rendu des matières, l'atmosphère et même l'expression du sujet. Reconnu comme le plus grand portraitiste de son temps il affronte sur la scène artistique Lorenzo Lotto et le Tintoret. Ce dernier, déjà engagé sur les chemins du maniérisme, utilise une tonalité dorée faite de contraste d'ombre et de lumière. Il compose ses éléments selon une construction souvent inclinée. A l'opposé, Véronèse s'attache à un certain classicisme qu'il associe à une mise en scène explosive et surprenante.