La renaissance (3)
Si les italiens proposent une peinture intellectuelle, réfléchie et philosophique, les flamands traduisent avant tout les sentiments intérieurs à travers un dessin expressif et poétique. Leur version de la beauté se ressent dans des oeuvres dont les figures semblent vivantes tant le souci du détail est travaillé avec une virtuosité que l’on retrouve dans les objets, les matières, l’éclairage et les effets lumineux. Les portraits ne sont pas idéalisés comme le font les peintres italiens. Rides, tâches de la peau, boutons, cicatrices ne sont pas épargnés à leurs modèles. Ce réalisme si particulier rend le sujet animé, l’âme est présente sous l’image où le beau s’exprime dans l’authentique.
Admiratifs d’une telle habileté, des peintres italiens de la seconde moitié du XVeme siècle l’intégreront à leur manière de peindre sans toutefois renoncer à l’idéal esthétique propre à la peinture méridionale.
L’influence flamande (van Eyck en particulier) se retrouve également dans la peinture italienne au niveau de la composition du tableau d’autel où la scène religieuse est peinte dans le même espace que celui des donateurs alors que la tradition voulait qu'ils soient placé sur les panneaux latéraux. La peinture à l’huile, issue elle aussi de l’atelier de Jan van Eyck, apportera aux artistes de l’Europe entière une technique leur permettant de retoucher à plusieurs reprises les tableaux qui, jusqu’alors, étaient fait avec de la tempera dont le liant principal issu du jaune d’oeuf séchait très rapidement. Dès lors, la complexité d’exécution des dessins se trouvait libérée de toute contrainte.
LE XVeme SIECLE ITALIEN
Durant la première moitié du XVeme siècle, c’est à Florence que se font sentir les premiers changements avec les styles monumentaux de
Masaccio et de
Fra Angelico. Si les influences gothiques sont encore présentes au début, la maîtrise mathématique du traité perspectif va donner au mouvement son identité propre.
A Urbino, la peinture est dominée par la personne de
Piero della Francesca. Mathématicien hors pair, il s’exprime à travers une peinture au traité scientifique où la perspective et l’étude la lumière vont faire l’admiration de ses contemporains.
Successeur de
Masaccio, Fra Filippo Lippi va donner une place privilégiée à la femme dans ses oeuvres et modifier l’ordre des éléments dans la composition du tableau. La deuxième moitié du XVeme siècle est marquée par son élève :
Sandro Botticelli. Attaché à l’humanisme en vogue, il est l’un des premiers à intégrer des motifs antiques dans des scènes quelquefois tirées directement de la mythologie classique. A son image mais avec un traité différent,
Andrea Mantegna apporte le nouveau style à la cours de Mantoue et le fera rayonner jusqu’à Ferrare. Les grandes familles dirigeantes des cités-états adoptent très vite le mouvement moderne et mettent en place un mécénat qui entretien les plus grands peintres de l’époque.
Filippino Lippi, après avoir étudié sous la férule de
Botticelli, acquière un style personnel et devient un artiste réputé de son vivant. Il garde néanmoins de son maître un dessin aux contours harmonieux et la douceur de ses figures.
Parmi les peintres de cette génération,
Domenico Ghirlandaio est sans conteste celui qui est considéré comme le plus grands des maîtres florentins. Son influence sur les peintres de la génération suivante, dont
Léonard de Vinci, est incontestable. Comme
Botticelli il sera appelé à Rome pour participer à la rénovation de la chapelle sixtine.
Pérugin, se caractérise par une peinture empreinte d’une douceur particulière ainsi qu’une expression des sentiments chez ses sujets qu’il semble être le seul à réussir à mettre en image dans une extraordinaire tonalité. De son atelier sortiront de prestigieux acteurs de la renaissance classique du début du siècle suivant :
Pinturicchio et
Raphaël.
Enfin, à Venise, l’art est marqué de l’empreinte de la famille
Bellini dont le plus célèbre, Giovanni, annonce déjà un style beaucoup plus gai et coloré que celui des florentins et qui fera l’identité propre de la peinture vénitienne.
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