Après l’abdication de Charles Quint en 1556 l’empire espagnol perds ses territoires d’Europe centrale. L’Espagne connaît alors une période de déclin qui s’accentuera au XVIIeme siècle avec la révolte des Pays-Bas. Si le royaume continue de briller sur ses territoires italiens de Milan et Naples ainsi qu’à travers ses colonies d’Amérique, la puissance espagnole se désagrège peu à peu.
Paradoxalement, pour l’art, c’est un véritable âge d’or aussi bien en peinture qu’en architecture. Comme en Italie, la religion lui impose le ton de la contre-réforme. Les tableaux sont de plus en plus appréciés par la noblesse et la bourgeoisie qui, plus encore qu'à la renaissance, réunissent de véritables collections. En résulte l'essor des marchands d'art qui participent activement à l'économie européenne. Le baroque permet aux peintres d’exprimer l’extraordinaire sentiment religieux qui débuta avec la voix d’Ignace de Loyola, fondateur de l’ordre Jésuite. La spiritualité du Greco évolue vers un langage pictural porté par Diego Vélasquez, Jusepe de Ribera ou encore Francisco de Zurbaran. L’angoisse du déclin de l’empire le plus puissant de la seconde renaissance se fait sentir dans une peinture mystique et passionnée. Si l’influence du Caravage et de Titien est extrêmement présente dans la peinture, les espagnols ont su trouver un style personnel qui donnera une véritable identité nationale à l’art du XVIIeme siècle.
Les Pays-Bas, découpés en 7 provinces, ont déclaré leur indépendance vis à vis de l’Espagne en 1579. Cela provoque le début d’une guerre qui durera jusqu’en 1648. Le pouvoir se met en place sous forme de républiques et pose les bases de ce qui deviendra le capitalisme moderne. La société, dénuée de noblesse, est dirigée par la bourgeoisie et par diverses corporations de marchands et de négociateurs. Leur rôle devient particulièrement important pour l’art puisqu’ils vont permettre sa diffusion à grande échelle. De plus, le goût grandissant des bourgeois pour la peinture va permettre aux artistes de ne plus peindre en fonction d’une commande précise mais de préparer leurs tableaux "à l’avance" et de les confier à des marchands d’art de plus en plus nombreux.
Seule la province du sud (la Belgique actuelle) dont la population est à majorité catholique, contrairement aux autres provinces des Pays-Bas, reste sous le contrôle de l’empire espagnol. L’art ne rencontre donc pas la résistance de l’iconoclasme protestant et la peinture est largement influencée par l’Italie, tout en conservant son identité propre, développée par l’école flamande depuis deux siècles. La peinture de genre devient vite le style dominant même s'il s'agit de représenter des scènes à caractère religieux ou mythologique dans lesquelles s'insèrent harmonieusement natures mortes et objets du quotidien. Anvers, centre économique de la région, devient la capitale artistique où se cottoient les grands maîtres du baroque flamand ainsi que de nombreux artistes étrangers attirés par la renommée internationale de la ville.