Le baroque
Identité artistique d’une époque, le courant baroque réunit des styles différents, souvent propres aux artistes et à leur origine. La remise en question du langage maniériste trouve sa réponse à travers un message essentiellement religieux au sein de l’Europe catholique ou, au contraire, dans un style qui réussit à s’adapter à l’iconoclasme protestant.
GENERALITES
Le terme baroque qui signifie
bizarre ou
grossier est un mot péjoratif qui sera utilisé par les artistes du XIXeme siècle pour désigner l’art qui évolua entre 1600 et 1720 environ.
Si le langage pictural propose une nouvelle syntaxe visuelle ce n’est pas une rupture radicale par rapport au siècle passé mais plutôt une évolution des codes de représentations à travers une mise en page innovante et un vocabulaire original.
Les libertés prises au XVIeme siècle dans la déformation des corps et l’aspect superficiel dans le rendu des sujets provoquent une réaction des artistes à contre-sens du maniérisme. Néanmoins, le ton annoncé par
Corrège et
Barocci à travers une peinture qui se veut plus convaincante que purement esthétique est repris jusqu’à devenir la base de l’expression nouvelle.
A cela vient s’ajouter la naturalisme du
Caravage qui connut dès le début du XVIIeme siècle un très vif succès pour son éclairage, ses cadrages insolites et son réalisme mordant.
A contrario, les
Carrache reviennent à une peinture au contenu idéalisé inspirée par les maîtres de la renaissance classique.
La fusion de ces tendances devient, selon la sensibilité des artistes et leur attachement plus ou moins marqué à l’un de ces styles particulier, le mouvement baroque. La diagonale remplace la construction en triangles imbriqués et l'équilibre sage de l'horizontale et de la verticale de la renaissance. L'éclairage se veut changeant. Des persées lumineuses sur fond de ciel sombre font leur apparition dans le paysage pour provoquer des
zones contrastées entre ombre et lumière. Les personnages sont dorénavant en mouvement,
pris dans le vif d'une action. Du coup la narration se fait au présent et ne contient plus l'exhaustivité d'un message compris dans le regroupement de symboles comme par le passé. Les états de l'âme s'affichent sur les personnages, le divin reste mystérieux et invite à la réflexion. Cela correspond bien aux mentalités du siècle où, avec la disparition de l'humanisme, l'homme se pose à nouveau les questions quant à son existence et sa relation à Dieu. La mort, la souffrance, l'humilité de la vie quotidienne sont les sujets de prédilection du baroque.
Partout en Europe l’art utilise le nouveau langage en s’adaptant au contexte social et religieux : l’Italie et l’Espagne servent la contre-reforme, l’Europe du nord s’applique à plaire à une société bourgeoise qui pose les bases du capitalisme moderne et la France trouve l’image qui correspond à l’étatisme absolu de ses rois dans la diffusion du classicisme.
LE BAROQUE EN ITALIE
La vocation religieuse de l’art baroque en Italie s’appuie sur des événements qui eurent lieu au siècle précédent avec pour objectif de servir la contre-réforme dans sa lutte contre le protestantisme : le Concile de Trente (1542 - 1563) qui définit pour les arts plastiques la charge d’exprimer la foi catholique et la création de l’ordre Jésuite dont la mission est de reconvertir à la foi romaine les adeptes de la religion réformée. A contre pied de la pensée luthérienne qui prône la sévérité et la sobriété, la peinture italienne doit dès lors convaincre le fidèle de la grandeur de Dieu par des effets impressionnants, éblouissants, bouleversants... Les expressions et attitudes des personnages montrent les sentiments intérieurs, les passions de l’âme,
l’extase religieuse exacerbée. Cette peinture théâtrale est servi notamment par
le Guerchin, Pierre de Cortone ou encore
Andrea Pozzo. Triomphante, l’image jaillit de son cadre et vient se fondre à la sculpture et à l’architecture sur les
plafonds des édifices religieux. La technique du trompe-l’oeil se développe et atteint une précision saisissante.
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