LA CRITIQUE : UN ACTEUR DESORMAIS INCONTOURNABLE
Au XVIIIeme siècle le public peut rencontrer le travail des peintres qui ont la chance d’exposer au Salon. Avis et jugement des uns et des autres sont au centre des discussions. Lorsque certains se spécialisent dans ce domaine (le philosophe Denis Diderot par exemple), cela donne naissance à la critique d’art, institution qui depuis fait partie intégrante de la vie artistique.
La critique, porte parole du goût du public, définie l’académisme et les directions à suivre. Compositions claires à la lecture simple et évidente sont de rigueur. La supériorité est donnée au dessin par rapport à la couleur. L’imitation de la nature se fait par l’étude de l’antiquité.
Les peintres peuvent choisir de s’y tenir et atteindre ainsi la reconnaissance de leur vivant, ou au contraire de s’y opposer et peindre en marge de la tendance imposée. Les premiers donneront naissance au style néo-classique, les seconds au romantisme.
LE ROCOCO EN ITALIE
L’Italie du XVIIIeme siècle est démembrée en provinces que dominent les monarques européens : Savoie, Bourbon et Habsbourg se partagent la scène politique.
Si Rome, où s’exerce le mécénat du pape Benoît XIV en faveur de
Donato Creti et de
Gaetano Gandolfi, reste la capitale artistique, c’est à Venise que s’expriment les grands génies du siècle :
Tiepolo, qui à sa manière, réinvente la lumière à travers des scènes pleines de fantaisie aux couleurs vives. Là ou le baroque utilisait le clair obscur pour suggérer le mouvement,
Tiepolo emploie des
tonalités claires. Dans ses toiles et dans ses plafonds, le message, qu'il soit religieux ou mythologique, est
mis en scène comme au théâtre. Du coup, le sens devient plus facilement compréhensible. Il influence toute un génération de peintre qui feront du rococo italien une peinture spectaculaire et toute en lumière :
Sébastiano Ricci, Gian Battista Piazzetta, Giovan Battista Pittoni...
Canaletto, Bellotto et
Guardi se spécialisent dans la peinture de paysages urbains appelés
vedute. Ils font de Venise et des villes italiennes des descriptions d’une
extraordinaire précision. Là encore la mise en scène théâtrale joue un rôle essentiel.
Hubert Robert, français installé à Rome, devient spécialiste de paysages urbains dans un traité tout à fait personnel. Les ruines antiques assemblées en
constructions imaginaires qui habitent ses peintures feront de lui un des précurseur du romantisme. Il reste célèbre dans l’histoire de l’art sous le pseudonyme de
Hubert des Ruines.
Les scènes de genres trouvent également leur place dans le goût du public aux côtés de la peinture d’histoire.
Pietro Longhi décrit les coutumes dans des scènes d’intérieurs qui en disent long sur les moeurs de son époque.
Giacomo Ceruti peint la misère, autre facette d’un siècle qui se veux brillant et éclairé.
A Florence, le rococo italien est porté par
Crespi, Sagrestani, Ferretti...
En Italie du sud où règnent les Bourbons d’Espagne, c’est l’influence de
Luca Giordano qui marque la génération rococo :
Solimena, Traversi et
Francesco de Mura dont le style conduira au néo-classicisme.
LA PEINTURE ANGLAISE DU XVIIIeme SIECLE
Le concept d’individualité, donnée essentielle du siècle des lumières, fait du portrait un genre particulièrement apprécié. Là aussi se retrouve toute la richesse du rococo, qui, loin de rassembler sous une manière de faire unique, va permettre l’expression de styles personnels et propres à chaque peintre.
L’Angletterre, à la recherche d’un style national en marge du rococo français et italien, donc plus éloignée de l’influence des critiques et de l’académisme, va donner naissance à toute une génération de portraitistes de génie :
William Hogarth qui met son talent au service de la satyre pour représenter la société de son époque,
Joshua Reynolds qui amène le portrait anglais à son paroxysme tout en posant les bases théoriques d’un beau idéal qui donnera naissance au néo-classicisme, et enfin
Thomas Gainsborough qui, sous l’influence du style français, va diriger le portrait et la peinture de paysage vers le romantisme.
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