Dans Some Confort Gained from the Inhérente Lies in Everything, l’artiste met sous nos yeux, de manière encore plus violente, un questionnement philosophique sur la vérité intérieure des choses qu’il est plus confortble de ne pas voir.
En effet, on voit une vache découpée en « rondelles ». Chaque portion de la vache est insérée dans un caisson de formol. Les différentes pièces de l’œuvre sont replacées de manière à reconstituer la forme initiale de la vache, mais en laissant un espace entre chaque caisson ; si bien que l’on peut voir les différentes coupes de la vache.
Apparaît alors à nos yeux ce que normalement on ne voit pas, les viscères, les tripes de l’animal, tout ce qui, dans notre imaginaire, semble vil et ne se montre pas. Il impose à notre regard ce que nous avons tous à l’intérieur de nous, mais que nous préferons ignorer et ne pas voir. Il semble qu’il faille sauver les apparences ; ne montrer que l’enveloppe est certes plus rassurant que de montrer nos tripes.
Pourtant, cette réalité biologique nous ramène aussi à ce que nous sommes, c’est-à-dire, des êtres de chair et de sang, un agencement complexe d’organes qui permet à notre corps de fonctionner, de s’animer, bref, de vivre.
La manière d’user du corps d’animaux, même morts, pour concevoir ses œuvres n’est pas sans poser question sur les limites de l’art, d’un point de vue éthique.
On peut dire que Damien Hirst propose une œuvre pleine de métaphores contradictoires, avec des contrastes violents, des ambiguités énigmatiques. Il nous fait violence par ses images, il nous choque, nous agresse, nous déstabilise, nous déroute ou nous provoque. Paradoxalement, c’est avec cette mise à mal, empreinte d’une certaine poésie qu’il nous ouvre l’immensité des questionnements sur l’existance, des réflexions métaphisiques, des méditations philosophiques ou religieuses. Finalement, il nous pose devant nous-mêmes, devant ce que nous sommes, êtres de chair, de sang, mais aussi, partie du tout de la nature, du temps et du spirituel.