DESCRIPTION
La fresque est divisée en
quatre parties égales par un axe vertical marqué par le personnage de
Galatée, et par un axe horizontal qui correspond à la ligne de l'horizon. Ces deux axes se coupent au centre exact du tableau. On voit que dans cette double symétrie :
- la surface du ciel est égale à celle de l'eau.
- la partie située à gauche du personnage central de
Galatée est équivalente à celle de droite.
Le personnage qui souffle dans le coquillage à gauche de l'image et celui de droite qui joue de la trompette se font écho, ainsi que les deux couples marins et les deux Amours qui sont de part et d'autre de
Galatée. De même, le troisième Amour placé au dessus d'elle rappelle celui du bas.
Le format vertical et rectangulaire de la fresque insiste sur ce dernier parallèle entre le haut et le bas, tiraillement dont la notion sera développée ensuite.
Autour de ces deux perpendiculaires, le peintre a habilement placé les personnages, suivant la forme d'un losange, dont
Galatée et l'horizon forment les diagonales.
Cette composition donne à la fois une sensation d'équilibre et de mouvement, puisque l'on a en même temps des symétries et des diagonales dont les directions s'opposent.
On retrouve ce type de construction dans la
Résurrection, de 1501, puis, plus tard, dans la
Madone Sixtine vers 1514.
Les postures des personnages sont très naturelles et en même temps, construisent l'image. En effet, ce n'est pas tant l'emplacement des personnages dans l'image qui
compose le losange, mais principalement l'attitude des corps, la direction des membres.
Le côté AB du losange commence sur le personnage qui souffle dans le coquillage se poursuit le long du corps de l'Amour de gauche, pour finir sur l'avant-bras droit de l'Amour du haut.
Le côté CB s'amorce sur le visage du joueur de trompette continue avec l'Amour de droite et s'achève sur l'épaule de l'Amour du centre.
Le côté DC suit la ligne formée par le corps de l'Amour du bas ainsi que celle du corps du joueur de trompette.
Enfin, le côté DA est marqué par la jambe et le bras de la femme de droite ainsi que par l'avant-bras de celui qui souffle dans le coquillage.
On a un mouvement à la fois
convergent et divergent créé par le jeu des lignes et des regards. Les flèches des Amours, les rênes, l'axe des corps des deux couples, convergent vers le visage de
Galatée. Ces différents rythmes nous ramènent au centre du losange, au centre de la fresque.
A l'inverse, le mouvement divergent est marqué par l'attitude des deux musiciens, tournés vers l'extérieur. Les regards du personnage aux sabots de cheval, et celui de la nymphe de gauche, sortent aussi de l'image.
Mais cette volonté de montrer l'éclatement depuis le centre de la fresque est principalement mis en valeur par le visage de
Galatée qui lève les yeux au ciel vers la gauche. Elle regarde en arrière, endroit d'où doit venir la mélodie chantée par
Polyphème. La représentation du géant aurait dû se situer sur le mur de gauche. L'Amour, caché derrière son nuage avec ses flèches, seul personnage qui ne trouve pas son écho dans la composition invite notre regard à aller dans sa direction, et à sortir de la fresque. Cette ligne ascendante est aussi renforcée par le visage de l'Amour du bas, qui regarde dans la même direction que
Galatée.
Ici
Raphaël a modelé les corps en fonction de sa composition. Ce sont eux qui créent la structure de l'image. Il ne part pas d'une figure observée pour composer autour mais au contraire, il construit d'abord la structure pour ensuite y intégrer les différents éléments.
Les attitudes ont une grande dynamique qui reste cependant naturelle et aisée. Chaque mouvement a un contre mouvement. On ressent, dans ses figures, la très nette influence de
Michel-Ange.
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