Les chambres du Vatican

La chambre de l'incendie (3)
Le nouveau pape, L�on X, beaucoup plus sensible aux plaisirs terrestres que son pr�d�cesseur, mena une politique plus centr�e sur ses int�r�ts personnels que sur ceux de l�Eglise et de la papaut�. D�ailleurs, les exc�s pratiqu�s par le souverain pontife et sa cour, les d�penses d�mesur�es et la mise � disposition des plus riches des fonctions religieuses ont particip� au recul de la foi catholique en faveur du mouvement luth�rien naissant.
La troisi�me chambre d�cor�e par Rapha�l pr�sente des fresques qui ne sont plus, comme dans les chambres pr�c�dentes, regroup�es autour d�un th�me unique mais mettent en sc�ne des �pisodes illustrant la vie des pr�c�dents papes ayant port� le nom de L�on. Tous sont, bien entendu, repr�sent�s sous les traits de L�on X.

L�incendie du Borgo fait r�f�rence au pape L�on IV qui avait miraculeusement, par un simple geste, arr�t� l�incendie qui se propageait dans un des quartiers du Rome.
Rapha�l, alors responsable de la r�novation de la basilique Saint-Pierre, la repr�sente telle qu�elle �tait avant sa destruction. Il laisse ainsi un t�moignage arch�ologique consid�rable. Les personnages, r�partis en groupes, tentent de fuir le danger, d��teindre le feu ou implorent le saint p�re afin qu�il intervienne aupr�s de Dieu pour les sauver. Les r�f�rences � l�antiquit� sont nombreuses tant au niveau des motifs architecturaux que dans les actions des personnages souvent emprunt�es aux r�cits mythologiques.
La femme portant une jarre sur la t�te, � droite de la composition, est caract�ristique de la repr�sentation classique de la renaissance : t�moin du miracle accomplit par le pape elle reste fig�e dans son mouvement. L�expression de stupeur sugg�r�e par sa bouche ouverte n�enl�ve rien � sa beaut�. Rapha�l, dans sa recherche du beau id�al, repr�sente syst�matiquement l��tre humain dans toute sa dignit�, sans que les sentiments int�rieurs ne viennent alt�rer la gr�ce qu�il conf�re � ses sujets, m�me au sein d�un contexte dramatique.

Les deux autres fresques de la chambre ont �t� r�alis�es par les �l�ves de Rapha�l. Celui-ci, devenu responsables des vestiges romains, architecte officiel du Vatican et ayant de multiples commandes de la part du pape et de hauts dignitaires romains, d�cida de d�l�guer la fin du chantier des fresques des chambres � ses assistants. Bien entendu ces derniers travaill�rent d�apr�s les croquis et sous la direction du ma�tre.

La bataille d�Ostie rappelle la victoire de L�on IV sur les sarrasins venus conqu�rir Rome. C�est � nouveau sous les traits de L�on X qu�est repr�sent�e la figure du pape. Les d�tails apport�s aux navires ainsi qu�� l�architecture t�moignent de l�int�r�t et de la connaissance du peintre pour l�antiquit� romaine.

La derni�re des fresques, Le couronnement de Charlemagne, prouve l�importance accord�e par le pape aux rituels et c�r�monies. La sc�ne, faisant r�f�rence � un �v�nement vieux de 5 si�cles, se d�roule dans la basilique alors en reconstruction � l��poque de L�on X.
Le pape L�on III, entour�s de ses cardinaux et autres dignitaires de l�Eglise, sacre Charlemagne empereur. L�accent est mis sur le pouvoir papal et la stricte hi�rarchie de l�institution catholique.


Depuis son arriv�e � Rome en 1508 et jusqu�� sa mort en 1520, Rapha�l aura travaill� au service des papes. Malgr� sa jeunesse et gr�ce � son talent et � son sens de l�organisation, il devint la figure incontournable de la vie artistique de son temps. Peintre le mieux pay� d�Italie, apr�s avoir �vinc� son rival Michel-Ange, il su acc�der aux plus hautes fonctions et responsabilit�s dans la direction des affaires du Vatican concernant la peinture, l�architecture et l�arch�ologie. Derri�re la douceur de ses repr�sentations se cachait un homme ambitieux au sens des affaires extr�mement aiguis�. M�me une toge de cardinal, para�t-il, l�attendait. Quel aurait �t� l�avenir de cet homme d�j� si exceptionnel s�il n�avait �t� emport� par une fi�vre fulgurante � l��ge de 37 ans ?


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