Le Maniérisme
Raphaël est reconnu comme celui ayant réussi à atteindre la perfection en peinture. Les artistes de la génération suivante vont devoir trouver une nouvelle manière de s'exprimer. C'est dans le développement de leurs styles personnels qu'ils vont pouvoir proposer un langage pictural différent du classicisme et adapté à une époque ou l'ordre religieux se dirige vers le schisme entre catholiques et protestants.
La période qui suit les années 1520 connaît une transformation complexe des mentalités. L'art s'y adapte et les peintres, s'ils continuent à copier la nature d'après les bases classiques, s'occupent à réaliser des images dans lesquelles ils intègrent un esprit "artificiel", tant au niveau de la gestuelle des personnage que dans l'insertion de motifs quelquefois insolites.
Certains de ne pouvoir faire mieux que Raphaël, les artistes cherchent à s'en démarquer par une manière de peindre qu'ils trouvent dans un déploiement d'artifices de leur invention. Chaque peintre trouve un style qui lui est propre, qui le différencie des autres et qui lui assurre ainsi sa légitimité artistique. Le courant, paradoxal, combine l'invention personnelle de l'artiste avec des codes précis à respecter pour être en accord avec la manière officielle. Il faut imaginer le maniérisme comme une langue commune que chacun parlerait avec son propre accent.
La disparition du "plus grand des peintres" n'est pas la seule raison de ce changement. Le maniérisme traduit également les interrogations d'une société qui commence à mettre en place des éléments de réponse au problème religieux qui remet en question l'autorité papale. Cela conduira à la fin du siècle à la contre-réforme et au profond bouleversement social qui s'étendra à toute l'Europe.
Un goût commun commence à se faire sentir dès la moitiée du XVeme siècle : les proportions mathématiques sont délaissées au profit d'une déformation des corps en hauteur. Michel-Ange et ses rythmes déliés sont repris. La réponse que Botticelli avait apporté avec sa Naissance de Vénus au problème d'équilibre et d'harmonie est appliquée au sujet, quelquefois jusqu'à l'exagération. Cela permet l'apparition d'une ligne "serpentine" (ligne de construction de forme sinueuse) qui devient vite l'identité de la "grande manière". Les couleurs sont souvent froides et les corps s'exposent en contrapposto (torsion du corps selon deux axes opposés) dans une pâleur minérale. Les gestes sont éloquents, figés dans des postures théâtrales. L'éclairage peut perdre son aspect jusqu'alors uniforme pour des effets nocturnes ou orageux. Une attention particulière est apportée au rendu des matières et aux objets décoratifs.
Dès la première génération maniériste, les florentins s'illustrent par des oeuvres à la plastique résolument tournée vers le nouveau style. Pontormo, élève d'Andrea del Sarto utilise la déformation anatomique dans des peintures où les couleurs acides se cotoient dans des contrastes provocants.
Bronzino, peintre à la cour de Florence, intègre aux portraits sa passion pour l'allégorie à travers un style pur au rendu soigné. Avec Parmesan ce sont les déformations d'échelles qui apparaissent pour servir une ambiance aux allures quelquefois surréalistes.
La manière italienne rejoint ensuite le nord de l'Europe pour trouver une existence harmonieuse au sein de la tradition picturale flamande. Mabuse, Abraham Bloemaert et les peintres moins connus aujourd'hui de l'école de Haarlem en sont les principaux représentants.
En France, François Ier fait appel à des peintres italiens dont l'influence va donner naissance à l'école de Fontainebleau et à son style caractérisé par une préciosité hors du commun.
Enfin, c'est à Prague que s'illustre Arcimboldo. Peintre originaire de Milan, il est appelé à la cour du saint empire où il devient l'artiste privilégié des empereurs Ferdinand, Maximilien et Rodolphe II. Ses créations originales composées d'éléments divers proposent une double lecture de l'image. Son exubérance ouvre la voie à de nouvelles possibilités dont les effets se retrouveront d'une certaine manière dans le baroque et même jusque chez les surréaliste du XXeme siècle.
Les peintres
les plus célèbres du courant
ITALIE
Giuseppe Arcimboldo
Agnolo Bronzino
Le Corrège
Le Parmesan
Pontormo
Primatice
Le Tintoret
Véronèse
EUROPE DU NORD
Lucas Cranach l'ancien
Mabuse
Hans Holbein le jeune
FRANCE
Jean Clouet
Maîtres de l'école de Fontainebleau
ESPAGNE
Le Greco
Le contexte politique
France
Louis XII 1498 - 1515
François Ier 1515 - 1547
Henri II 1547 - 1559
François II 1559 - 1560
Charles IX 1560 - 1574
Henri III 1574 - 1589
Henri IV 1589 - 1610
Saint Empire
Dynastie des Habsbourg dont
Charles Quint 1519 - 1556
Angleterre
Dynastie des Tudor
Henri VIII 1509 - 1547
Edouard VI 1547 - 1553
Marie I 1553 - 1558
Elisabeth I 1558 - 1603
Florence
Famille Médicis
Rome / Vatican
Domination papale dont
Jules II 1503 - 1513
Léon X 1513 - 1521
Clément VII 1523 - 1534
Paul III 1534 - 1549
1527 : sac de Rome par l'empereur Charles Quint
1540 : fondation de l'ordre des jésuites servant la cause anti-luthérienne
Musique
Giovanni Pierluigi da Palestrina
Monteverdi
Littérature
François Rabelais
Clément Marot
Joachim du Bellay
Pierre de Ronsard
Michel de Montaigne
Louise Labbé
Le Tasse
Machiavel
Miguel de Cervantes
William Shakespeare
Christopher Marlowe
Thomas More
Erasme
Pontormo
La déposition de croix
1526
Pontormo
La visitation
1529
Corrège
Io
1530
Parmesan
Autoportrait dans un miroir convexe
1524
Parmesan
Madone au long cou
1540
Agnolo Bronzino
Portrait de Lucrezia Pucci Panciatichi
1540
Agnolo Bronzino
Allégorie de la victoire de Vénus
1546
Giuseppe Arcimboldo
Le Printemps
1573
Giuseppe Arcimboldo
L'été
1573
Giuseppe Arcimboldo
L'automne
1573
Giuseppe Arcimboldo
L'hiver
1573
Le Tintoret
Léda et le cygne
1578
Véronèse
Annonciation
1578
Anonyme
Ecole de Fontainebleau
Gabrielle d'Estrée et sa soeur la duchesse de Villard
1595
Lucas Cranach l'ancien
Adam et Eve
1528
Le Greco
L'ouverture du cinquième sceau
1614