L’œuvre découpée en triangle, possède trois parties majeures. Dans une volonté d’immortaliser ce triste jour, il renverse les pratiques traditionnelles d’une lecture de toile, en invitant le spectateur, à commercer par la droite. En effet, tous les personnages regardent vers la gauche, excepté le taureau qui regarde vers le lecteur.
L’œil du spectateur est d’abord attiré par la lampe au sommet, qui domine la pièce. Cette lampe est un « trompe l’œil », qui cherche à éclairer l’événement dans l’espoir d’un possible renouveau.
Sur le coté gauche, on y voit le symbole de l’oppresseur nationaliste caricaturé dans la plus virulente des icones espagnoles : le taureau. Juste en dessous, se profile une femme aux seins dénudés. Depuis la Renaissance, c’est le symbole de la fécondité qui est repris ici par Picasso pour exprimer l’effet inverse ; on a une femme la tête levée vers le ciel hurlant de douleur (langue pointue = cri strident et intense), dont les yeux ont la forme d’une larme. Elle porte dans ses bras un enfant mort, victime innocente de ce conflit. Le renouveau demeure impensable.
Sur la partie basse du tableau, figure un homme mort (les yeux ne sont plus alignés), démembré, dont il ne reste que la tête et un bras d’une part, et le deuxième bras de l’autre. Ce dernier tient dans sa main une épée brisée, témoignant de la différence du rapport de force qui était en quelques sortes inéluctables entre nationaliste et républicain. L’allégorie de la fleur montre la fragilité de la vie.
Sur la partie centrale, le cheval domine. Propre à Picasso, ce symbole représente le peuple républicain, et la victime innocente, comme l’enfant, de ce conflit. Devant la gueule de l’animal, se profile une colombe effacée dans l’ombre, donnant l’idée qu’un traité de paix n’est pas envisageable et que tout espoir est perdu. Entre la tête du cheval et le bras du républicain mort, on a une image très nette du « no man’s land » qu’est devenue la ville, et encore plus loin l’Espagne, en désarticulant complètement le corps du pauvre animal.
Un peu plus à droite, une bougie et un fantôme étonné sorte d’une fenêtre. Témoin privilégié du conflit, la communauté internationale est symbolisée par son inaction dans la peau de ce spectre, tout en essayant de mettre en lumière ce qui se passe par une bougie, symbole d’espoir.
Entre espoir et horreur, se profile une femme en bas à droite, dont la jambe brisée démontre sa force de caractère en regardant vers la lumière, preuve que tout n’est pas perdu. La liberté se doit de triompher.
Enfin le dernier élément du tableau est cette maison en flamme en haut à droite. Une guerre n’est jamais propre, mais le bombardement de Guernica fut le théâtre d’opération visant à tester les nouvelles armes allemandes dont les fameuses bombes incendiaires, mis en scène par la maison en flamme sur cette toile. Le personnage essayant d’en sortir pris Dieu de venir l’aider en levant les mains vers le ciel.
Ce tableau est encore aujourd’hui un emblème contre la guerre, dont une reproduction existe toujours à New York au conseil des Nations Unis. C’est un véritable symbole, finalisé seulement un mois après la tragédie, mais qui demeure accessible à tous par des allégories simples à déchiffrer, qui en fait une œuvre universelle.